Dernier cours, Transsexual studies

comme l'indique le titre, car cette fois-ci j'ai été directe, j'entends, par le présent poste, vous raconter le dernier cours de Transsexual studies.

Pendant que tout le petit monde débat du statut d'un fanzine transsexual gender queer etc (je connais des tas de mots compliqués pour renvoyer à des tas d'identités sexuelles) de Toronto (c'est très pointu les transsexual studies, attention), mon regard erre, bienheureuse d'être au chaud, au sec et sur un canapé confortable. dans une sorte de demi-sommeil, je détaille l'assemblée:
La prof, Trish, qui vient parfois sans s'être rasée mais qui malgré cela est tout à fait charmante.
Cristal, étudie l'informatique et change de sexe.
Une lesbienne qui boit de la compote dans un bocal, normal
Une lesbienne qui a de gros tatouages sur les bras, normal
Un jeune homme qui portait une jupe noire sur son pantalon kaki, un anneau dans le nez, du rouge à lèvre, une petite veste rose par dessus son haut militaire.
normal.
La photo de Simone de Beauvoir qui maraine tous nos débats intellos, éclatante de beauté bourgeoise. ceci expliquant cela (et inversement), il faut savoir qu'on est au Simone de Beauvoir Institute.
Josh... on voit qu'il porte des collants par les énormes trous qui ornent ses chaussettes. il a une grosse ceinture dont la boucle proclame, avec force paillettes "Fag" (pédé, pédale, tantouse etc)
Lee, je n'ai jamais réussi à déterminer si c'était une fille très masculine ou si elle changeait de sexe. du coup je n'ai jamais su par quel pronom renvoyer à Lee, c'est embêtant. aujourd'hui habillé(e) en dandy. très classe.
Une jeune fille que je soupçonne d'être lesbienne qui arbore un badge "homophobia sucks, and not in a good way". c'est Carolynn, mademoiselle "mon papa est philosophe". ah ben le mien est conducteur de bus.
Tiens, des bouteilles de vin ouvertes. ah oui, ya des verres un peu partout.
bah, c'est la fin du semestre... c'est normal.
tout le monde est un peu émêché.
et là, dans le coin de la salle, horreur, l'inavouable, l'inattendu, l'imprévisible.

un petit garçon.

J'ai failli crier de surprise (et de dégoût oui).

Mais je suis vite revenue de mon choc premier, parce que c'est un petit garçon différent des autres. il est très calme, il ne fait pas de bruit. il joue dans son coin, il n'embête personne. il fait des dessins et sourit tout seul. de temps en temps il va montrer ce qu'il a créé à sa maman qui n'a pas pu lui trouver de baby-sitter pour la soirée.
il joue aux Barbies. c'est un petit garçon qui veut être une fille, depuis qu'il a 3 ans il dit qu'il est une fille. et sa mère veut l'aider. toute sa famille lui a dit que c'est de sa faute, parce qu'une mère célibataire fait forcément des enfants tordus... mais elle est contente, elle dit "je suis comblée, regarde-le (elle change de pronom en permanence). J'aurais pu avoir une de ces petites brutes qui martyrisent les autres, et j'ai eu le petit ange".
voilà donc un exemple d'amour maternel vrai et pur, inconditionnel et totalement vide d'intérêt.
Bon alors je suis rarement niaisement optimiste, mais je suis ressortie du cours de bonne humeur.