Montréal je t'aime

Je sens bien que la beauté de l'amour maternel auquel je rends hommage dans mon poste précédent vous passe au dessus de la tête, bande de petits mécréants.

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Ne me demandez pas comment c'est possible (j'ai fait L), mais hier il pleuvait et gelait en même temps sur Montréal. tout s'est donc rapidement retrouvé recouvert d'une pellicule de glace relativement épaisse.

Quand on est piétonne et un peu rêveuse, c'est absolument magnifique.
Motorisé et pragmatique, je pense que ce temps est une source d'angoisse immense. (quand je vous dis qu'il faut ne pas avoir son permis...)








Hasard merveilleux, ce temps surnaturel était doublé d'une coupure de courant à Outremont (où j'habite, pour ceux du fond qui regardent par la fenêtre).
En rentrant, j'ai croisé quelques uns de mes voisins préférés, juifs orthodoxes de confession.Je n'ai pas pu prendre de photos parce que ce n'est pas poli, et que j'affectionne les bonnes manières et la mesure par dessus tout.
Sachez simplement qu'ils portaient en plus des larges vêtements noirs, des frisettes et d'une tête d'enterrement (une fête de tous les diables, le judaïsme, sachez-le) habituels, des sortes de chapeux que je n'oserais pas moi-même essayer pour rire.
qu'on me comprenne bien, aucun antisémitisme dans cette note, tout cela n'est donc que de l'innocente taquinerie. j'admire beaucoup ces héros du quotidien, mes frères de garde-robe noire, austère et tellement fantaisiste à la fois de par son ridicule assumé, mes pères en esprit de culpabilité. (rappelons qu'ils s'en veulent encore pour le veau d'or. si c'est pas magnifique, la culpabilité poussée à ce degré. je m'en trouverais presque amatrice.. et s'entêter à demander pardon à quelqu'un qui a laissé Auschwitz vous tomber dessus. quel amour désintéressé de la douleur et quelle grandeur d'âme! oui parce que si j'ai bien compris, les juifs ne croient pas au paradis. point de raisins (et non pas des vierges, quelqu'un a mal retranscrit le Coran), point de bonheur éternel après la mort...le désintéressement à l'état pur).
bref, revenons-en à nos chapeaux: de loin, ça fait une sorte de rouleau de fourrure au dessus de la tête. comme un gros beignet en poils posé sur le sommet du crâne. (voir figure 2 ci-contre)
et donc hier, puisque pour fêter dignement le shabbat il faut sortir, mes voisins les déconneurs avaient décidé de recouvrir cette partie de leur austèrité d'harmonieux sacs plastiques, blancs pour pas dépareiller. ceci afin que, c'est mignon, la pluie ne vienne pas dégrader leurs précieux couvre-chefs (j'ai jamais aimé le pluriel des mots composés, qu'on me corrige en commentaire).


Récapitulons: les branches des arbres réfléchissaient la faible lumière des devantures, les décorations de Noël scintillaient de glace, et d'étranges êtres sombres, pleins de fantaisie et attendrissants parcouraient les rues sans rien dire... du Tim Burton.