Coq au vin, deuxième partie
Lors de mon retour au pays, j'ai pu revoir mes zamis les coqs au vin et j'ai constaté que les questions posées étaient souvent les mêmes.
On s'est ainsi souvent enquis de différents aspects du Nouveau monde, parmi lesquels:
Ses moeurs culinaires
L'architecture
Sa situation sociétale
Mais j'ai aussi eu...
Des commentaires constructifs
Des questions inquiètes
Je me suis ainsi rendue compte que je n'avais pas dû tenir un blog d'expatriée efficace. pour répondre à la demande, je m'auto-interviewe (l'autoconsécration de Narcisse)
Keski mangent? (ou encore "eski sont gros?)
Oui on peut manger des trucs super gras ici. Oui le Mac Do (remarquez la feuille d'érable... pis à
Québec le fond est vert poubelle) est plus gros et plus gras.voilà pour les clichés.
en revanche, désolée, mais les québécois (et les canadiens, pour ce que j'en ai vu), ne sont pas plus gros que les français. il faut admettre que les gros sont plus gros, mais c'est à peu près tout.
C'est beau Montréal?
Montréal a indéniablement une beauté magnétique, mais elle n'est pas belle à la manière des villes européennes. oubliez votre conception de la vi(ll)e à la française et débarquez l'esprit ouvert, c'est encore le meilleur moyen. les endroits les plus moches sont vraiment très moches et impersonnels, un peu comme dans nos zones industrielles. toujours les mêmes magasins, l'architecture en copier-collé... les endroits les plus remarquables sont enthousiasmants, presque transcendants. l'énergie folle de New York en quelque sorte. il y a quelque chose de cet ordre-là qui ne meurt même pas en hiver.- et alors... ils sont comment les gens?
Mais alors là, j'ai envie de demander "qui ça les gens?"... les québécois "pure laine"? les canadiens? les montréalais? les américains qu'ils sont tous au fond? (on ne me lapide pas à la boule de neige) Les québécois dans l'ensemble ne veulent pas être canadiens, les canadiens anglophones ne sont évidemment pas québécois et à Montréal il y a de petits vicieux qui se disent québécois anglophones. Alors après, comment pondre une belle généralité?
Dans l'ensemble, "ils" sont beaucoup plus courtois que les français, infiniment plus respectueux.
Bon alors... c'est comment la vie à Montréal?
Avant ce petit retour au pays, je savais que le Canada me plaisait mais je ne savais pas si je me voyais y vivre. Maintenant, je sais que je me sentirais mieux de ce côté de l'Atlantique. Montréal est une ville où l'énergie est presque palpable, il y a quelque chose d'entraînant. La vi(ll)e est moins stressante, on ne se sent pas broyé.en fait, on ne peut pas vraiment s'en rendre compte tant qu'on ne connaît que la France ou d'autres pays latins je crois mais la société y est vraiment, dans l'ensemble, hostile, et ce plus particulièrement envers les femmes (si tu n'es pas d'accord mais que tu as un pénis, tu peux te manifester, mais sache que c'est quelque chose que tu ne peux pas comprendre. je l'ai bien vu en expliquant en France, les mecs ne comprenaient jamais cette partie-là alors que les filles s'étonnaient elles-même de tout à fait me suivre. c'est qu'on apprend tellement à vivre avec que ça nous semble normal, comme la mauvaise humeur dans le métro). mais Sylvain m'a aussi dit se sentir plus en sécurité ici.
Bon alors je me lance dans une explication d'un phénomène dont je suis convaincue qu'il existe, et les filles comprendront, je ne suis pas sûre de me faire comprendre de mes lecteurs masculins, mais essayez d'observer un peu autour de vous dorénavant. ça va être un peu long, mais c'est que tout est en non-dit et je ne voudrais pas schématiser.
En France, il n'est pas rare que lorsqu'un individu masculin vous trouve baisable, il vienne vous draguer. c'est-à-dire que vous avez beau être en train de lire, un casque vissé sur les oreilles, il vient vous parler. environ une fois par semaine dans mon cas. soit, admettons. déjà, ça ne m'est jamais arrivé à Montréal (d'autres témouines seront bienvenues en commentaire). mais le mâle latin trouvera anormal que nous ne vous sentiez pas flattée de l'attention qu'il vous porte. d'où le "salope" qui s'échappe souvent de sa bouche si vous ne répondez pas favorablement à ses requêtes.
en somme, vous devriez toujours être disponible parce que quelque part, il a un droit sur vous parce que vous êtes une femme. il faudrait quasiment les remercier de nous accoster (comme les pirates pour piller un navire, qu'il est bien trouvé ce mot hein? et c'est à peine caricatural).
ainsi, il est très difficile de ne pas donner votre numéro de téléphone au garçon qui ne comprend pas que vous puissiez ne pas lui donner à moins que: (stratégie 1) vous disiez ne pas en avoir ou encore que (stratégie 2) vous ayez un mec (ça marche pas toujours). c'est pour ça que de nombreuses filles ont développé une autre stratégie: elles donnent de faux numéros. on ne vous laisse jamais tranquille après le premier refus. le mec qui veut vous joindre doit pouvoir vous joindre si tel est son désir, et il ne comprend pas que vous n'y répondiez pas.
Il est possible que je plaise moins aux québécois qu'aux français (et je n'ai pas la prétention d'être une bombe, mais il est déjà révélateur de constater qu'une fille comme moi, qui ne porte aucun des signaux qui pourraient être perçus comme des appels aux mâles se fasse emmerder si communément), toujours est-il que j'ai remarqué qu'ici, les hommes s'imposent moins dans votre vie. ils ne prendront pas cet ascendant parfois un peu oppressant sur vous, ce léger malaise avec lequel les filles apprennent à composer (et encore, mon mètre 81 -oui Laurine- m'a jusque là permi d'éviter les agressions physiques).
là encore, on va m'accuser de manichéisme... non, tous les hommes français ne sont pas de porcs et tous les hommes canadiens ne sont pas des anges, ce n'est pas ce que je cherche à dire. je dis juste que dans l'ensemble, la société canadienne me semble plus adaptée aux attentes qui sont les miennes.
n'est-il pas révélateur qu'en une semaine à Montpellier, l'amoureuse et moi avons été accostées plusieurs fois par des lourds de diverses espèces (sans parler des regards lourds de sous-entendus) alors que rien de tel ne nous est arrivé à Montréal en deux semaines?
le débat est ouvert en commentaires, bien entendu.
Ah ouais mais en fait t'as pas chopé l'accent
Non, Montréal est une ville bilingue, je suis dans une université anglophone, j'ai sûrement un gros accent canadien quand je parle anglais par contre.Ya du Nutella là-bas?
Oui.En plus du long discours, des photos de l'hiver, et vous comprendrez :
(le Mont Royal, en plein centre-ville de Montréal)
ça se voit que j'essaye de progresser en html là?
oui, oui, Poutine Girl blogue à 5:08 PM (heure locale), si elle veut, d'abord !
15 Comments:
Bon sang ! Tu décris exactement ma vision des choses, moi qui suis à l'inverse de toi. Je découvre l'attitude masculine d'ici et je ne m'y fais pas.
Le «salope» vient bien vite, et on sent cette étrange soumission féminine (pas le choix en fait) mêlée d'une hautaine indifférence...
Beaucoup de Françaises ont l'impression de ne pas plaire aux Québécois à cause du phénomène que tu décris. Il faut seulement comprendre la différence de mentalité, d'attitude sexuelle.
J'avoue que je trouve ça souvent étouffant. J'ai cessé rapidement de regarder les hommes autour de moi (j'aime bien regarder les gens en général) quand j'ai compris que c'était pour eux une invitation. Maintenant je fais ma parisienne : dans le métro je fixe un point dans le vide, au-dessus des têtes, et je prends une moue d'indépendante. J'ai ainsi à peu près la paix. Mais je ne suis pas moi-même.
Ta description de Montréal me paraît vraiment pertinente. (Je le dis sans prétention, c'est seulement que j'y suis née et j'ai l'impression que tu saisis vraiment bien la réalité montréalaise, la situation politique et sociale.)
J'ai connu moi aussi les deux aspects (francophone et anglophone) de cette ville. Ça donne une perception peut-être plus juste des choses.
Et je sens aussi un rapprochement avec New York dans l'énergie, même si évidemment c'est bien autre chose.
Et je pense qu'en général on aime bien se faire dire qu'on est Américains. Ça enlève cette impression que l'Amérique (et les belles idées qui viennent avec - parce qu'il n'y a pas que du mauvais quand on oublie Bush et la malbouffe n'est-ce pas) n'appartient qu'aux États-Unis. Nous partageons ça avec les pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. D'où les échanges culturels entre le Québec et le Mexique et les pays plus au Sud.
Désolée de prendre tant d'espace... Je m'arrête ici, hihi.
je me souviens d'un cours de traduction où j'avais dit à mes camarades qu'ils étaient très américains dans leurs raisonnements, et il y a eu une grande levée de bouclier. même Steven le nouillorquais s'est senti agressé, c'est dire.
Eh ben...
merci bien, j'ai une antiseche toute prete pout mon retour en France.
vives les mâles québécois!
[bah quoi je rééquilibre le niveau-en nombre de lignes- de tes commentaires.]
c'est que, vois-tu, mon admiratrice secrète et québécoise est locace, ELLE.
Je ne sais pas comment interpréter le message d'Aurore...
J'ai été loquace sur la question sexuelle, parce qu'un voisin de cours venait de m'engueuler par sa fenêtre, me hurlant d'aller m'occuper de mon «mari»... Voilà d'où venait l'inspiration.
Et puis en plus, c'est la nostalgie. C'est que j'habitais avenue Durocher dans Outremont il n'y a pas si longtemps, puis le Mile End. Ton blogue m'y ramène. (Il faut essayer les merguez de l'épicerie Latina rue St-Viateur, et aussi leurs boulettes de veau...! Le secret de leurs merguez: en plus d'être pas chères, elles sont faites sur place et on y trouve des grains de coriandre.)
Ok cette fois je me tais. Ce n'est pas le lieu pour les nostalgiques. Je serai l'admiratrice cachée, hihi. Comme j'étais au départ, avant de sortir des coulisses. Mais je continue de lire.
Au plaisir ! Et bon vent.
loquace, autant pour moi...
les commentaires, nostalgiques ou pas, sont bienvenus sur la chaussette.
(je ne mange pas de viande)
Oh, flûte... J'aurais dû y penser. Tantpis pour les merguez, alors. (et les sandwich du Santropol, tu connais ? Coin Duluth et Saint-Urbain, près du Mont-Royal)
Mais, si je peux me permettre, que fais-tu debout à cette heure ? Ah la jeunesse estudiantine !
Allez au plaisir.
Et merci pour l'accueil.
je lis; et je lis en musique, donc il faut que l'ordinateur tourne, et il m'allerte quand j'ai reçu un message.
j'irai faire une critique gastronomique des sandouiches en question.
Pour ce qui est de la sécurité, je confirme. Ici, inutile de jouer les gros bras en permanence dans la rue (et c'est difficile quand tes bras sont plutôt de l'ordre de la branche d'arbre malingre), inutile de se fondre rapidement dans la foule pour éviter la bastonnade dès ors que l'on a refusé une cigarette au groupe de "cailleras" de service (tous aussi difficile lorsque l'on ne fume pas), utile par contre de s'excuser en cas de collision involontaire car tout le monde te rends la politesse jusqu'aux "racailles" locales, etc. etc. (et la liste est longue). Pour en revenir à ce que tu disais sur les agressions sexuelles patentées, je dirai que d'une manière générale, hommes ou femmes sont parfaitement libérés du stress de regarder en permanence par dessus son épaule afin de vérifier soit qu'un gros lourd de dragueur ne soit pas en chasse, soit qu'un groupe de lâches baguarreurs n'ai pas jeté son dévolu sur leur prochaine victime, toi!
Par contre, la mentalité latine -dont sont imprégnées nombres de jeunes filles par ailleurs fort respectables- veut que se soit à l'homme de faire le premier pas...ce qui est probablement une des causes de ce que tu décris et est assez enuyeux pour des gens qui, comme moi, ne considère pas cela d'un bon oeuil (ne serait-ce que parce que dans ce domaine, je dois bien avouer que je suis d'une nullité effarante...). Bien évidemment, même si l'on s'en tient à cela, sans chercher à le dépasser, il y a l'art et la manière de draguer sans se servir de ce fait culturel pour importuner en toute impunité... D'autre part, heureusement pour moi, les mentalités changent et ce dont je parle semble avoir tendance à disparaître. Il n'en reste pas moins que l'on me reproche svt de ne pas faire le premier pas...or comment ne pas être lourd de sous entendus (et bien souvent lourd tout court) en faisant le premier pas? Bon, ceci dit, la tactique "salut mignonne c'est quoi ton petit numéro" c'est au delà du premier pas avec énorme sabot, c'est du domaine du risible mais malheureusement du rire jaune car très importun...
vois-tu, le "c'est quoi ton numéro mignonne", s'il s'arrêtait là, ça passerait.
le problème, c'est qu'il arrive quand tu n'as visiblement pas envie de parler (musique, livre, air fermé... moi).
bon encore, on pourrait s'y faire. le GROS problème disons, c'est que ces chasseurs ne s'arrêtent pas là et qu'un moindre refus les énerve. je dis que c'est ça qui révèle, selon moi, le fait que ces garçons-là (que je n'ai pas vus à Montréal) pensent qu'ils ont un droit sur les filles, l'ensemble des filles.
Cette idée de «droit sur les filles», je la partage entièrement.
...euh, et puis, le Santropol ?
(Il faut essayer le «Racines suaves» - et ne pas se fier à ce nom un peu cucul.)
Fait chier...j'avais fait un commentaire constructif et fort long, dans la continuité de ce débat (en gros j'abondais dans votre sens en expliquant que de mon côté aussi au moindre refus c'était direct une avalanche d'insultes et autres joyeusetées si ce n'est que vous c'est bien pire que des clopes que l'on vous demande) et au moment de le poster cette sal...... de put... de connexion de mier.. m'a tout planté... Ca commence à érieusement me courir sur le haricot ça. tout comme le fait que je ne puisse plus poster de commentaires autrement que par le biais de "Autre". Alors, toi la webmasteuse que j'admire (de la lèche...point du tout mais où vas tu chercher ça?!!), ceci est un appel à l'aide désépéré!!
Darksysy> tu apparais en tant que toi et pas en tant que l'autre
nostalgique> j'essaye d'aller manger un sandouiche là-bas pendant le ouikende
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