Les joies de l'hiver
On le saura, à Montréal au mois de janvier, fait froid (tout comme au mois de décembre et de novembre, de février et de mars, et puis des fois ça déborde sur octobre et avril mais cette année on a eu de la chance. comme disait Jon "I am against global warming but I love local warming" -c'est une blague spirituelle que la traduction profanerait).
Quand je dis qu'il fait froid, ne lisez pas "frais". quand je dis froid, je veux dire -31°; je veux dire avoir mal aux jambes après 10 minutes de marche, je parle de ne pas pouvoir respirer sans avoir l'impression de se brûler les poumons. je pense aussi à la peau du visage qui se craquèle (oui, c'est une impression, mais je vous assure qu'elle est très vive) et au deuil de vos extrémités que vous vous résolvez à faire à chaque sortie.
On croit que c'est rigolot quand on lit ce genre de description, je sais. moi aussi je me disais que c'était supportable. bande de mécréants... un jour il y a 4cm de glace sur l'intérieur de votre fenêtre et vous commencez sérieusement à vous demander ce que vous faites là.
heureusement, pour vous sauver du doute et du pessimisme et pour ne pas vous laisser le temps de réfléchir aux grandes questions inhérentes à l'homme (Pourquoi les artistes? Peut-on tout dire? Bonheur et vertu. Mais qu'est-ce que je fais à la rentrée prochaine?), le Canada a tout prévu. Ici, bonne humeur et joie de vivre obligatoires. et on ne plaisante pas avec le bonheur, c'est une affaire sérieuse car quoi de plus contre-productif que des gens déprimés?
Donc, l'autre fois, en rentrant de l'aéroport, j'ai découvert que décidément les gens d'ici avaient appris à tourner à leur avantage les handicaps les plus tenaces. Une magnifique leçon de vie et de courage que nous donnent les canadiens à nous, pauvres français geignards. Ici, en effet, ce qu'on tend à prendre pour un gros emmerdement (l'hiver) devient une merveille d'utilité. Et comment mieux utiliser le froid qui endort qu'en s'en servant pour une activité noble telle que le sport? Oui, au lieux de rester au lit à se demander s'ils sortiront ou se feront livrer une pizza, les canadiens préfèrent cultiver de belles valeurs telles que la compétition et la sueur sous les bras.
L'autre fois donc, je suis passée devant le club de curling d'outremont. ça m'a fait plaisir de voir qu'il

Je me suis récemment rendu compte qu'il existait encore des gens qui ignoraient jusqu'à l'existence de ce sport olympique que je n'hésite personnellement pas à classer au panthéon de mes plus belles crises de fou rire télévisuel (avec le sumo et les questions au gouvernement).

Le principe, rapidement: c'est simple mais il fallait y penser. L'outil le plus important du curling, ce sont les gros cailloux équipés d'une poignée qu'un des équipiers fait glisser (il convient d'admirer la pugnacité que mettent certains à perdre leur temps) jusqu'à une grosse cible dessinée sous la glace. Je suppose qu'ils visent le centre mais enfin je n'en ai jamais eu la preuve formelle.
Deux équipiers précèdent le gros palet et font fondre la glace pour que ça glisse mieux. c'est là qu'on voit toute la finesse du joueur de curling: pour faire fondre la glace, il utilise l'énergie mécanique. En somme et pour les esprit vulgaires non initiés que vous êtes: il frotte la glace avec un balais, ça fait du chaud et ça fond.
Je suppose qu'avant la découverte de cette incroyable ruse, nombre de curlers ont dû mourir d'hyperventilation en tentant de faire fondre la glace en soufflant dessus. sans parler de ceux qui ont immanquablement été tués par un coup de gros caillou en pleine tête.
Je leur rends hommage par un silence respectueux.